Arrêtez les embrassades… un des gestes barrière, comme on dit pour éviter le vi-rus… Aujourd’hui le déconfinement est prévu le 11 mai…
Mais … le virus sera parti ? En vacances ailleurs ? Comment le savoir ? QUI VA NOUS DIRE DE NOUS EMBRASSER À NOUVEAU ? Nous allons devoir mesurer et prendre ce risque d’embrasser quelqu’un, d’accepter de lui cette intimité. Embrasser va de nouveau être dangereux.
Comme le théâtre ?
Notre théâtre est comme notre politique, ce sont les mêmes personnes. C’est comme ça maintenant. Le directeur de la Colline va à l’Odéon, celui de l’Odéon va au Festival d’Avignon … Qu’est-ce que ça change ? Rien. Comme dans la politique.
C’est un phénomène européen. L’ Europe se dissout, et s’effiloche…Ça discute, ça discute, c’est tout… Comme au théâtre … Ça discute, ça discute…
La misère du théâtre c’est qu’aujourd’hui on réfléchit avant tout sur la réduction des coûts et du travail. L’économie a pris le dessus sur la politique. Nous avons perdu le contrôle. Nous devrions opérer un remaniement complet en ce qui concerne le théâtre… du moins la politique ( elle est à naître ) pour le théâtre.
Il y a beaucoup de talents mais comment faire dans un système où l’on prône un théâtre essentiellement décoratif ? Pour être au premier plan les spectacles doivent au mieux ressembler à des télé-films, ou rentrer dans le format des séries. Puisque l’on s’efforce de « séquencer » la pensée, pour la contrôler et la rendre in-opérante. Dans les CDN, les Scènes Nationales … les cahiers des charges en tout genre, ont fait entrer le travail des artistes dans des carcans de missions, d’obligations et d’indicateurs au détriment du dialogue, de la confiance, d’une construction com-mune et avisée des politiques publiques. On affirme volontiers des exigences concernant les « effets » ( sociaux, éducatifs, économiques… ) ce qui évite de préciser quel sens on donne à la culture, et pour-quoi et comment elle pourrait avoir ces « effets », et de justifier les raisons d’une telle exigence.
L’action culturelle a remplacé les projets artistiques.
Les artistes sont considérés soit comme des « pompiers » pour racheter la paix sociale soit comme des cartes de visite.
Pour l’État l’argent investi doit être utile.
Ce n’est pas étonnant, la plupart des politiques parlent en terme de culture utilitariste, donc sans contenu.
Les subventions à la demande sont en train de remplacer les subventions à l’offre au nom de ce que l’on appelle : les droits culturels ! C’est une honte ! Du coup beaucoup d’artistes « produisent » des oeuvres au lieu de les créer. Plus le temps, plus l’habitude ou plus le courage…
On fait des sondages pour savoir ce qui va plaire ! Nous dépendons des producteurs qui anticipent souvent ou spéculent sur le goût de « leur » public ! Maintenant ce sont des groupes privés marchands, d’envergure nationale ou inter-nationale, qui prennent la gestion ou rachètent à grande vitesse les salles de spec-tacle publiques des villes, par exemple, ou des musées. Ils maîtrisent les réseaux de diffusion. ( Donc, de fait, une part de la création : c’est un point crucial ). Quel silence face à cela ! Y compris dans les milieux concernés de la culture, des artistes, des militants culturels…et des élus territoriaux, les premiers concernés !!!
Il n’est plus question d’art, mais de culture. La confusion est à son sommet… et volontairement.
L’art est mort !
Pasolini a dit : « la Culture a tué l’art ! »
Aujourd’hui c’est le commerce.
Nous avons le théâtre que l’on mérite. … … …
Jack Ralite disait : « L’effondrement du politique entraîne l’effondrement du poé-tique » ! Tout est là. S’il n’y a plus de politique au théâtre, c’est qu’il n’y a plus de politique du tout. Et par conséquent … Nous faisons la même chose que Macron… entre droite et gauche… un milieu mou. Alors le théâtre devient un espace mou… une masse molle.
Pourquoi ce silence ? Pourquoi toutes ces prudences ? Est-ce que la nécessité de vivre ou survivre neutralise à ce point l’expression de la critique ?
C’est la peur qui incite la création de formes faciles qui veulent être reconnues pour faciliter la vente et non pas la création de formes étrangères et nouvelles. Un temps comme celui que nous traversons favorise les formes pétrifiées par la peur – une sorte de séquence sécuritaire.
Nous avons perdu notre voix.
Nous n’avons plus accès à un langage qui nous permette de parler. Nous sommes dans une sorte d’overdose passionnelle ce qui rend aujourd’hui l’écriture théâtrale difficile.
Et puis il y a aussi la paresse.
Et notre incapacité à penser le présent.
Nous avons du mal à penser le présent et nous n’arrivons pas à apporter des réponses artistiques et politiques à ce que nous traversons. Nous remettons sans cesse sur la scène les mêmes oeuvres.
La métaphore politique reste à trouver. I
l nous est quasiment impossible de raconter le monde autrement qu’à travers le prisme des vieux mythes que nous n’arrivons pas à dépasser et nous n’arrivons pas à en inventer des nouveaux.
Tout le social se passe dans notre tête plutôt que sur un plateau.
Encore une fois, le discours politique – comme le théâtre dit politique – se noie dans les digressions et devient corrompu.
Le théâtre de notre société est devenu une instrumentalisation déguisée en divertissement. On nous entraîne vers les industries culturelles et des représentations qui n’ont de théâtrales que le nom. Mais le divertissement n’est pas consubstantiel à l’être humain.
Aujourd’hui nous sommes quasiment dans un théâtre documentaire anecdotique ou réducteur qui tente de ranger les conflits et déchire les fondements de nos vies – ce qui est également bon pour le marché. Dans le même temps il est pratiquement impossible d’aller vers une représenta-tion. Le monde va plus vite que la représentation que l’on peut – veut – en donner. Entre le moment où l’on choisit un sujet, le temps de montage de la production, le temps de la répétition… lorsqu’arrive le temps de la représentation, la réalité de ce sujet a déjà changé.
Plus il y a une insécurité matérielle plus il faut être rassuré dans le monde de la re-présentation, moins spontanément on supporte d’être déstabilisé par les représentations du monde.
Les forces libérales ( qu’elles soient de droite ou qu’elles se revendiquent de gauche ou de rien ) sont pour un art qui conforte la culture et une représentation du monde qui n’est pas « au travail »… Un art qui ne doit susciter que l’adhésion…
Le patrimoine…On se retrouve tous rassurés sur le patrimoine et pourtant à sa naissance… Il a créé du combat et du conflit.
Le libéralisme s’est approprié des arts qui avant suscitaient un combat, un débat… ( Molière faisait scandale, Picasso aussi faisait scandale avec Guernica dans le fond et la forme… On s’approprie la forme pour avaler le fond…)
Aujourd’hui la production dépend quasi totalement de la distribution.
Théâtre / Cinéma … Super U / Hypermarchés…
Avant, la subvention permettait au créateur d’être plus indépendant. Dans les années 50 – 60 les subventions étaient données pour appeler à la diversité, pour créer de l’exception et de l’expérimentation, du nouveau non encore identifié. Aujourd’hui ce n’est que pour un regroupement uniforme. Aujourd’hui il faut tourner… Il faut avoir un taux de fréquentation … une jauge, de l’audimat, de la surface… ( La politique publique du gouvernement existait donc elle peut exister à nouveau …) Aujourd’hui la marge d’indépendance a disparue.
Le ministère de la culture est devenu une maison de production…
Le ministère de la Culture, La culture officielle est devenue une entreprise qui a pour employés les poètes et les artistes.
Cf « la domestication de l’art ». De Laurent Cauwet.
L’Art s’est quasi totalement asservi à la finance, comme le dit Annie Le Brun dans son livre : « Ce qui n’a pas de prix » Aujourd’hui au prétexte de partage avec le plus grand nombre il ne s’agit plus de transmettre du sens, mais de placer le spectateur dans un état de sidération face au grandiose ou à la prouesse technologique.
Le crédo : Industrialiser // Reproduire // Multiplier Ou dans l’usage…
Multiplier à l’infini et ce que tu ne peux multiplier, tu en marchandises l’usage. Les biens immatériels … Nous sommes dans la marchandisation des biens matériels et immatériels… Dans l’évènement culturel… les « festivals »…
Nous sommes dans la Soumission à la communication / à l’innovation / à la fréquentation / au temps.
La rétribution, le retour sur investissement se fait en notoriété politique et sociale.
Pas financière…
Sauf pour le ministère de la culture qui donne à tel ou tel pour « service rendu ». Certains s’échappent pourtant.
Le ministère a inventé cette phrase magique : « Vous n’avez pas trouvé votre modèle économique »… C’est l’argument donné à presque toutes les compagnies en marge : Vous n’êtes financés que par l’État et les collectivités territoriales. Vous n’avez pas assez de ressources propres.
Vous n’avez pas de financement participatif.
Vous n’avez pas de mécène.
C’est un abandon total de la politique culturelle.
Les dispositifs publics actuels font que les jeunes générations, qui s’engagent aujourd’hui dans la vie artistique, craignent d’être instrumentalisé par les poli-tiques publiques, expriment une peur de perdre leur indépendance artistique. On sous-estime dangereusement cette situation.
Du coup, ils préfèrent, dans ce contexte, s’inscrire de plus en plus hors des poli-tiques publiques. Ils préfèrent la débrouille personnelle ou collective. Voire leur précarité.
Cela ne témoigne aucunement d’une dépolitisation, bien au contraire : ils revendiquent leur indépendance et en construisent les moyens.
On ne crée pas de culture, elle ne s’invente pas.
Elle se compose, évolue et se construit.
Elle n’est pas disponible à la création individuelle. La création est un endroit. Elle est ce qui peut faire bouger la culture, l’art, les sciences, les biens immatériels… Elle est la représentation symbolique des choses.
Le mot culture s’oppose à nature et définit ce qui a trait à l’humanité ou alors un ensemble de connaissances. Le théâtre, l’écriture, le cinéma, la peinture… sont des arts, on disait avant des beaux arts – et non des cultures.
La culture du théâtre par exemple si on veut employer cette formulation, n’a rien à voir avec l’art du théâtre.
Ce que nous faisons ce sont des oeuvres artistiques, de l’art et non de la culture, nous sommes des artistes et non des cultureux.
Des gens de théâtre et non des théâtreux.
C’est au nom de cette confusion entre art et culture que depuis des années des coups graves ont été portés aux oeuvres, à nos conditions de vie, de travail et de production.
Le théâtre est constitutif et non consécutif à la démocratie… La démocratie s’appuyait sur l’Assemblée, l’Agora et le Théâtre. Le théâtre a été inventé parce que la philosophie n’avait plus de mot. Et il fallait bien quand même bien pouvoir dire à Aristote que c’était un salaud d’esclavagiste.
Le théâtre rend les espaces de la démocratie possible.
Pourquoi nous sommes assis dans un théâtre?
Qu’est-ce qu’on pourrait imaginer de plus con que de donner de l’argent pour s’asseoir et regarder des gens faire semblant d’être quelqu’un d’autre ? Pourquoi les gens font-ils ça ?
Alors a-t-on encore besoin du théâtre ?
À quoi sert le théâtre ?
« La scène du théâtre, c’est nous, et non un calcul abstrait – et la démocratie, ce n’est pas les autres : c’est toi. » , nous dit Edward Bond.
Penser ! Voilà l’élément moteur d’un être humain car cela lui permet d’entrevoir son devenir révolutionnaire… ou l’inconscient chez Freud. Et il n’y a de moteur que dans l’insécurité de penser.
Il nous faut prendre position quant à la fonction sociale de la représentation théâtrale.
Pour moi une création est un acte d’effraction, un « braquage »… elle doit « déplacer » celui qui regarde.
Ce qui nous rend humains c’est la conscience que nous avons et les questions que nous nous posons.
Personne ne peut porter un regard sur une oeuvre d’art sans se sentir plus libre.
Nous sommes en danger si nous n’y prenons pas garde nous disparaitrons, absorbés par le marché…
Nous ne sortirons pas du mode social de production capitaliste sans en décomposer en nous le langage.
Il ne s’agit donc pas de sortir du capitalisme, il s’agit bien que le capitalisme sorte de nous.
Alors, comment parler du monde et de nous-mêmes ?
S’il y a des artistes dans la société leur fonction n’est-elle pas entre autre de créer des formes pour nous renseigner sur nous et sur l’état du monde ?
Nous devons oser donner la représentation du monde et du contexte social jusque dans les vocabulaires et les structures de la langue. Nous devons tenter d’en rendre compte, sans caricature pittoresque ou idéologique.
Oser les bifurcations !
Le théâtre a le devoir de le faire. Il en a le devoir moral, le devoir politique, le devoir social. Sinon la folie sociale créera un nouveau théâtre de la banalité, de l’anecdote, du divertissement et de la barbarie, ce qui est bon pour le marché..
Et nous y sommes…
Les représentations peuvent aller vers la pétrification de la culture et des normes ou bien fabriquer du débat, du conflit, de l’indécision, des fissures, de l’intranquillité…
C’est cela qu’il faut réhabiliter.
« Les mots sont des armes » disent Armand Gatti, Sarah Kane et Edward Bond …
Il nous faut une culture qui nous permette de comprendre ces questions, et qui mette en rapport l’individu avec le collectif.
Ce sont les conditions de possibilité de la vie politique.
Il faut réhabiliter la notion de création, la capacité de créer, d’inventer.
Pas innover … ( comme le veulent « industries culturelles » )
Alors … Profitons de cette situation inédite pour repenser, ré-envisager, proposer, réfléchir …
La condition première, incontournable, est que nous « portions politiquement » la question de la culture, de l’art, de la littérature, de la vie intellectuelle, scientifique et tout à la fois.
Il est plus qu’urgent d’affirmer les principes du service public de la culture comme fondement de la politique culturelle.
En formuler les fondements les principes, les valeurs et, concrètement, les conditions. Depuis maintenant vingt ans, les élus et les responsables politiques ont, progressivement, par leur silence, quasiment déserté cet enjeu. Il nous faut des élus ayant une pensée, une conception et une parole publique construite et forte concernant la culture.
Cela suppose, évidemment, d’élaborer et de formuler une conception de la « place », du « rôle » de la culture, de l’art, de la littérature, de la pensée dans la société.
Ce doit être le combat politique premier : expliquer que la responsabilité d’une politique publique démocratique est de construire et préserver les « conditions » matérielles, politiques, organisationnelles de l’indépendance de ceux qui s’engagent dans la vie artistique et intellectuelle, sans ingérence dans les démarches intellectuelles et artistiques.
Ce qui n’est plus le cas après l’avoir été durant plus de 40 ans ( même si cela avait des limites ).
En ce qui concerne les contenus, la priorité consiste à redonner du sens … La culture comme « intérêt général » : expression qui disparaît et qu’il faut ré-imposer, re-légitimer, redéfinir collectivement, aussi bien dans le monde poli-tique que dans les milieux culturels.
La nécessité d’une politique publique dans tous les domaines de la production et de la circulation de la pensée, de l’imaginaire.
Mais aussi de l’éducation, de la santé…
Redonner une légitimité aux mots « création », « pensée », « art ».
La démocratisation doit aller bien au-delà de la simple question de l’accès, elle doit englober dans une relation l’oeuvre et le citoyen.
Le responsable politique doit oser donner un contenu préalablement à l’imposition d’un objectif d’utilité sociale (ou économique).
Venons-en à Avignon, LE festival … par exemple.
Symptôme de ce qui nous mine sous les apparentes paillettes.
Mais … De quoi le festival d’Avignon est-il le nom ?
D’une pensée politique qui transforme tout en évènement et en marché ! Les évènements culturels, des grand’ messes où la profusion rassure, où le divertissement est la règle et fait écran à la réalité.
Le IN … la vitrine d’une foire exposition de produits manufacturés qui vont partout.
La fête est de rigueur
Le OFF … une foire de la schizophrénie avec une profusion de spectacles jusqu’au dégoût, dans une économie précaire pour la plupart, dans l’espoir d’être repérés par les programmateurs… gardiens de la clé de la vitrine !
La fête est obligatoire !
Les annonces des mesures pour faire face à cette « crise », de la part celui qui nous fait office de ministre sont inouïes !Il ne comprend rien et ne comprendra pas.
Mais surtout il ne décide pas !
Et ce n’est pas de sa faute, allez !
Il n’y a pas de pensée ni de politique, donc comment réagir face à ce que l’on ne sait pas !
Ah oui … la création d’un fond pour le théâtre privé et les compagnies peu sub-ventionnées 5 à 7 millions €, géré par … l’ASTP Association pour le Soutien du Théâtre privé, avec un appel à toutes les collectivités pour participer à ce fond !!!
C’est inouï… le Ministère de la Culture se préoccupe du théâtre privé… Les fameux partenariats Public Privé qui ont amenés les hôpitaux là où ils sont.
Et la chose la plus importante pour lui, selon son interview dans le monde, son grand chantier : « Remettre les artistes au coeur de la politique culturelle ».
Nous sommes sauvés !
Nous allons être mis au centre de quelque chose qui n’existe pas … Ça ne va pas nous dépayser me direz-vous.
Il nous faut poser la question de l’autorité du Ministre et du ministère … Autorité du latin auctoritas, avec le radical auct, qui vient du verbe augerer : Faire pousser… faire grandir… augmenter. Qui a donné le mot auteur !
L’autorité d’un auteur est la puissance de faire accroître la dignité de ceux à qui il s’adresse.
Voilà déjà une base de réflexion pour le ministère.
Les conditions de vie des artistes sont une question entière de la création.
Les collectivités territoriales l’ont compris puisqu’elles maintiennent l’entièreté des subvention aux structures et compagnies pour nous permettre de rétribuer les intermittents. Mais quid de demain ?
Beaucoup se retrouvent sur les réseaux sociaux… lisent, jouent, dansent… Il n’y a qu’une chose qui manque… le vivant.
Ça doit être pour cela que l’on appelle nos activités le spectacle vivant !
Il y a un véritable travail politique, pédagogique à faire en direction des jeunes générations. Sinon on ne pourra pas convaincre d’un projet démocratique de société !
Il faut aller au-delà, et expliquer que l’art et la culture sont un droit individuel et collectif.
La plupart des artistes se précarisent tout en ayant de plus en plus le sens de leur responsabilité sociale, on le voit dans les jeunes générations, comme ailleurs.
Je reprends complètement les propositions de Samuel Churin, comédien et membre de la coordination des intermittents : Le spectacle vivant va être à l’arrêt pendant plusieurs mois, une année blanche s’annonce.
Et bien sûr ce sont d’abord les petits qui vont trinquer, voire disparaître mais ça va passer inaperçu et ça pourrait même en réjouir certains qui se plaignent du trop grand nombre de compagnies en France.
Il faut en URGENCE un fond transitoire sur au moins deux années qui couvre tous les artistes et techniciens du spectacle vivant du cinéma et de l’audiovisuel qui ne renouvellent pas leurs droits.
En 2004 à la suite du mouvement des intermittents et l’annulation du festival d’Avignon 2003, Donnedieu de Vabres a mis en place ce même fond. Donc c’est simple, c’est facile, il doit y avoir des archives au ministère, non ?
Ou des témoins ?
Et puis après, prolonger la pensée d’Ambroise Croizat, ministre du travail en 1945 et que De Gaulle charge de penser un nouveau régime de protection sociale. Ce sera la sécurité sociale sur un principe simple émanant du conseil national de la résistance : Des droits attachés à la personne déconnectés de l’emploi.
Organisons des droits inconditionnels attachés à la personne en matière de revenus.
Il s’agit de penser pour les salaires ce que Croizat a mis en place pour la santé. Mais pas un revenu universel en dessous du SMIC qui se substituera à toutes les autres aides sociales.
Depuis des années, la coordination des intermittents et précaires propose un principe simple :
Une couverture généralisée sans condition par l’assurance chômage. Une continuité de revenus pour tous.
Des droits inconditionnels liés à la personne et déconnectés de l’emploi.
Constitutionnalisons la santé, l’éducation et l’accès aux arts dans leur pratique et leur réception.
Nous sommes l’ange du tableau Angelus Novus de Klee que Walter Benjamin avait acquis et sur lequel il a écrit :
L’ange le visage tourné vers le passé, mais du paradis souffle une tempête qui l’empêche de refermer ses ailes. La tempête le pousse vers l’avenir auquel il tourne le dos cependant que jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines.
Il nous faut, comme le disait Heiner Müller, créer des foyers pour l’imagination.
C’est l’acte le plus politique, le plus dérangeant que l’on puisse imaginer.
Mais tout ceci pourrait n’être rien … lisez l’article du journal Le Monde du di-manche 19 et lundi 20 avril « Dans les quartiers populaires, une vie à bout de souffle »… Les injustices et les inégalités sont trop fortes et la colère justement gronde.
Alors la question va devenir encore plus prégnante :
QUI VA NOUS DIRE DE NOUS EMBRASSER À NOUVEAU ?
CB
Merci à Arnauld Lisbonne, Michel Simonot, Sylvain Creuzevault, Laurent Klajnbaum, Samuel Churin, Edward Bond